Revue de presse
Enfants nés sous X : «Le recours à l’ADN a tout révolutionné : il faut faire évoluer le droit»
Le nouveau collectif «Nés sous X d’ici et d’ailleurs» a été mis sur pied pour relancer le débat sur l’accouchement sous le secret. Erik Pilardeau, cocréateur, revendique la légalisation des tests ADN, interdits en France.
Ancien maire de Bogny-sur-Meuse et conseiller départemental des Ardennes, Erik Pilardeau, 67 ans, vient de créer en avril, avec Martine Barbier, le collectif des Nés sous X d’ici et d’ailleurs. Il veut relancer le débat sur l’accouchement sous X (sous anonymat) – la France étant encore l’un des seuls pays européens à l’autoriser.
Pourquoi ce collectif, aujourd’hui, alors que des associations existent déjà ?
Depuis un certain temps déjà, les associations semblent avoir lâché prise, il faut pourtant que le droit évolue. La situation actuelle n’est plus tenable. Le législateur est à la remorque de la société et de la science. Faire croire à des femmes aujourd’hui qu’elles peuvent accoucher dans un secret total est un leurre et un mensonge.
Pourquoi ?
Les tests ADN existent depuis une dizaine d’années maintenant, et les interdire comme le fait la France est illusoire. Tous les pays voisins les autorisent, c’est donc très simple de contourner la législation. Pour les «sous X», le recours à l’ADN (via MyHeritage, Ancestry et 23andMe) a tout révolutionné : en croisant les matchs communiqués par les banques de données avec une étude généalogique, vous arrivez à remonter jusqu’à la famille biologique. La puissance des réseaux sociaux, les datas et les outils d’intelligence artificielle démultiplient aussi les possibilités de recherche.
L’amende encourue par les particuliers s’élève à 3 750 euros…
Aujourd’hui, on nous oblige à l’illégalité avec toutes les conséquences que cela entraîne : les coûts, les arnaques pour décrypter les tests. Mais le plus important est sûrement le manque d’accompagnement psychologique car une médiation s’avère souvent indispensable quand vous cheminez dans votre quête et que vous retrouvez l’identité de la famille. Laisser les gens se débrouiller comme aujourd’hui est une violence supplémentaire.
L’accouchement sous X n’était-il pas, tout de même, une avancée pour le droit des femmes ?
En 1941, certainement, mais aujourd’hui ? La France est l’un des seuls pays à permettre l’accouchement «sous X». Cela représente encore aujourd’hui environ 400 naissances par an. C’est une loi archaïque qui crée d’immenses souffrances pour tout le monde. Les enfants, bien entendu, car on ne construit rien de solide sur des sables mouvants. Il suffit d’écouter les gens qui rejoignent chaque jour notre collectif. Ne pas savoir son histoire est un manque terrible et la question de l’identité est centrale. L’enjeu est aussi médical : connaître les antécédents médicaux, les éventuelles maladies génétiques peut être vital.
Mais pour les femmes ?
Retournons la question : comment imaginer qu’une femme puisse oublier sa grossesse et son accouchement ? Qui peut encore penser cela aujourd’hui ? Les textes en vigueur ont été pensés pour nier une réalité, faire comme si rien n’avait existé, cela n’a pas de sens ! Aujourd’hui, des «mères de l’ombre», comme on les appelle, nous rejoignent pour réclamer de l’aide dans la recherche de leurs enfants. Il faut revoir la législation et permettre par exemple «un accouchement dans la discrétion», avec un accès possible aux informations à la majorité de l’enfant s’il en exprime le désir, comme en Allemagne ou au Royaume-Uni par exemple.
Ce combat des «sous X», très médiatisé dans les années 90, semble être tombé aux oubliettes. Comment l’expliquez-vous ?
Pendant des années, des associations ont bataillé pour faire évoluer la législation, mais se sont heurtées à chaque fois à des oppositions, notamment religieuses, et des réticences médicales aussi. Plusieurs projets de lois ou amendements ont été déposés, mais à chaque fois, ils ont été rejetés. A force de bagarre, les plus combatifs finissent par s’épuiser. Ce collectif vise à donner un nouvel élan en s’appuyant sur tout le travail déjà réalisé. Il y a une solidarité très forte entre les «sous X», un peu comme si cette absence de racines nous reliait les uns aux autres. C’est compliqué à comprendre de l’extérieur, l’immense majorité d’entre nous ne recherche pas de nouveaux parents mais désire connaître son histoire, même si celle-ci est difficile. Les autorités ne peuvent pas continuer à nous infantiliser, il est temps d’agir. On multiplie les interpellations aux institutions et aux parlementaires.
Votre combat, assurez-vous, dépasse les seules personnes nées sous X…
Le collectif compte déjà 1 150 personnes en six mois. Dans nos rangs, il y a des mères de l’ombre, des travailleurs sociaux, des scientifiques, des parents adoptants… C’est de cette unité – d’une large sensibilisation de l’opinion publique aussi – que s’imposera l’évolution indispensable du droit d’accès à ses origines personnelles. Un combat qui concerne aussi les enfants issus de l’adoption internationale, de PMA [procréation médicalement assistée, ndlr] ou GPA [gestation pour autrui].
Erik Pilardeau, 67 ans, est co-fondateur avec Martine Barbier, du collectif des Nés sous X d’Ici et d’Ailleurs, créé au printemps dernier. Il veut relancer le débat sur l’accouchement sous X - la France étant encore l’un des seuls pays européens à l’autoriser.
Pourquoi ce collectif, aujourd’hui, alors que des associations existent déjà?
Depuis un certain temps déjà, les associations semblent avoir lâché prise, il faut pourtant que le droit évolue ! Ce n’est plus possible, plus tenable ! Le législateur est à la remorque de la société et de la science. Faire croire à des femmes aujourd’hui qu’elles peuvent accoucher dans un secret total est un leurre et un mensonge. Les tests ADN existent aujourd’hui, et d’ailleurs, les interdire comme le fait la France, est illusoire. Tous les pays voisins les autorisent, c’est donc très simple de contourner la législation. Depuis une dizaine d’années, le recours à l’ADN révolutionne complètement ce sujet sociétal. En croisant les matchs qui vous sont communiqués par les banques de données avec une étude généalogique, vous arrivez à remonter à la famille biologique. Si vous ajouter à cela la puissance des réseaux sociaux, l’ensemble des DATA à disposition et l’IA (l’Intelligence Artificielle) il est évident que la France doit sortir de cette forme d’hypocrisie. Il y a urgence. Aujourd’hui, on nous oblige à l’illégalité avec toutes les conséquences que cela entraine : les coûts, les arnaques pour décrypter les tests, car seul, les données sont souvent trop compliquées à exploiter. Mais le plus important est sûrement le manque d’accompagnement psychologique car une médiation est souvent indispensable quand vous cheminez dans votre quête et que vous retrouvez l’identité de la famille. Laisser les gens se débrouiller seul comme aujourd’hui est une violence supplémentaire.
L’accouchement sous X n’était-il pas tout de même une avancée pour le droit des femmes?
En 1941 certainement mais aujourd’hui ? La France est l’un des seuls pays à permettre l’accouchement « sous x ». Cela représente encore aujourd’hui environ 400 naissances par an. C’est une loi archaïque qui crée d’immenses souffrances pour tout le monde. Les enfants, bien entendu car on ne construit rien de solide sur des sables mouvants. Il suffit de voir la souffrance des gens qui rejoignent chaque jour notre collectif. Ne pas savoir son histoire est un manque terrible et la question de l’identité est centrale. L’enjeu est aussi médical: connaître les antécédents médicaux, les éventuelles maladies génétiques peut être vital. Quant aux droits de la femme, brandis par les défenseurs de la loi, posons-nous la question: si l’accouchement sous x est une avancée pourquoi des mères de l’ombre nous rejoignent-elles pour réclamer aide et assistance dans la recherche de leurs enfants? Comment imaginer qu’une femme puisse oublier grossesse, accouchement et souffrances ? Qui peut encore penser cela aujourd’hui? Les textes en vigueur ont été pensés pour nier une réalité, faire comme si rien n’avait existé, cela n’a pas de sens ! Il faut revoir la législation, et permettre par exemple “un accouchement dans la discrétion”, avec un accès possible aux informations à la majorité de l’enfant s’il en exprime le désir, comme en Allemagne ou au Royaume-Uni par exemple.
Ce combat des sous X, très médiatisé dans les années 90, semble être tombé aux oubliettes. Comment l’expliquez-vous?
Pendant des années, des associations ont bataillé pour faire évoluer la législation, mais se sont heurtées à chaque fois à des lobbys puissants. Plusieurs projets de lois ou amendements ont été déposés, mais à chaque fois, ils ont été rejetés. A force de bagarre, les plus combatifs finissent par s’épuiser… Ce nouveau collectif vise à donner un nouvel élan en s’appuyant sur tout le travail déjà réalisé. Il y a une solidarité très forte entre les « sous x », un peu comme si cette absence de racines nous reliait les uns aux autres. C’est compliqué à comprendre de l’extérieur, mais ne pas connaître son histoire est une souffrance sans nom ! L’immense majorité d’entre nous ne recherche pas des nouveaux parents mais désire connaître son histoire, même si celle-ci est difficile et douloureuse… Les autorités ne peuvent pas continuer à nous infantiliser, il est temps d’agir ! Le collectif compte déjà 1150 personnes en six mois. Dans nos rangs, il y a des « mères de l’ombre », (mères ayant accouchées « sous x »), des travailleurs sociaux, des scientifiques, des parents adoptants… C’est de cette unité – d’une large sensibilisation de l’opinion publique aussi – que s’imposera l’évolution indispensable quant au Droit d’Accès à ses Origines Personnelles qui d’ailleurs touche aussi les enfants issus de l’adoption internationale, de PMA ou GPA….
Contacts : Collectif des Nés sous x d’Ici et D’ailleurs (Groupe sur FB)
Mail : nesxdumonde@gmail.com
TikTok : @colnessousx
Instagram : collnessousx
YouTube : https://www.youtube.com/@conexias